Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -
Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -

Crédits Photos : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -

« Voulez-vous voir mes tomates ? », demande Christian, arborant un large sourire. D’un pas pressé, car la pluie commence à tomber, son épouse Anne-Marie Fuda lui emboite le pas. Ils traversent le jardin grand de 550 m2. Le plus grand jardin ouvrier de ce domaine situé dans la cité du Castellas, entre la voie ferrée et le canal de Provence, planté en plein cœur des quartiers nord de Marseille.

Au fond de son potager, à l’abri du vent, du soleil et de la pluie, « Blond » montre fièrement les pieds de tomates qu’il vient de mettre en petits pots avec un dispositif de protection bien à lui qui fait des envieux dans le voisinage. « Attention Blond, j’en aurais bien besoin pour couvrir ma terrasse », lance un voisin venu le saluer. Aux jardins ouvriers du Castellas, tous les « copains » appellent Christian : « Blond », c’est son petit nom. Et, il en joue

#Jardins ouvriers, un éden dans le #béton

Poumon vert

Les beaux jours arriveront bientôt et à ce moment-là, Blond mettra ses pieds de tomates en terre. Il s’y prépare. Tout doucement. Il les plantera à l’endroit même où il avait planté ses choux de brocolis, l’année dernière. « Il faut changer les plantations chaque année », rappelle-t-il en bon jardinier. « La saison des brocolis est finie. Là, je vais couper leurs fleurs pour en faire du compost, dans les bacs qui sont au fond du potager. Vous voyez ? », désigne-t-il, en pointant l’index. « Je vais les mélanger avec les branches et les herbes que je ramasse toute l’année ». Blond fabrique lui-même son terreau. « Ici, tout est 100% naturel. Tout est 100% bio », souligne-t-il fièrement et avec vigueur. « Vous savez que je ramasse même la tonte de la pelouse d’en bas de mon immeuble ! Et je l’amène ici, pour en faire du compost. » Blond fait du compost biologique et récupère les eaux de pluie pour arroser ses plantations. Deux mille litres d’eau exactement. C’est sa manière à lui de participer au cycle des saisons, au cycle du temps qui passe aussi ; sa manière de rendre à la terre, ce qu’elle lui a offert. Et, le jardinier n’en est pas peu fier !

Blond produit de l’agriculture familiale : pomme de terre, salade, tomate, cerise, abricot... Et, les fleurs sauvages aussi. Anne-Marie les connait toutes : jacinthe, jonquille, souci, marguerite sauvage. Dans une vingtaine de jours, Blond égrainera ses semis de salade, face aux fèves qu’il a semées cet hiver mais qui n’ont pas l’air d’avoir pris. « Je les ai plantées trop tôt », constate-t-il. Pour la cueillette, il faudra attendre. Les tomates de Blond ne se récolteront pas avant le 15 juillet. Depuis quinze ans, il vit chaque jour de sa retraite dans son potager. Il arrive à neuf heures et demie le matin et quitte son terrain vers sept heures du soir. Tous les jours de l’année. « C’est... Comment vous dire ? C’est une passion, vous comprenez ? », confesse-t-il avec les yeux qui pétillent.

En plein au cœur de cette cité des quartiers nord cernée de béton, les « Jardins ouvriers et familiaux du Castellas » sont un poumon vert de quatorze hectares qui font respirer les familles qui vivent en tours et résidences aux alentours. Une bouffée d’oxygène pour ceux qui ne veulent pas rester enfermés et cherchent un peu d’herbe verte sous leurs pieds. Un rayon de soleil pour ceux qui se rêvent un petit paradis, à l’ombre de la fureur de la ville. C’est ici, pour ceux qui peuvent, qu’ils ils viennent trouver un peu de bonheur quotidien dans leur potager.

Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -
Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -

Crédits Photos : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -

#Jardins ouvriers, un éden dans le #béton

Entre terre et mer

Elles sont 243 familles adhérentes qui, comme celle de Christian et Anne-Marie Fuda, cultivent leur petit lopin de terre sur les hauteurs de ce domaine associatif riche d’une vue plongeante sur la mer Méditerranée avec ses îles du Frioul et le Château d’If, s’il vous plaît ! Un panorama unique dont les habitants des quartiers nord, qui vivent en étages, peuvent jouir, véritablement leur seul petit privilège.

Les époux Fuda ont passé toute leur vie en résidence. Alors quand la retraite arriva, Christian a toute de suite recherché un coin de verdure pour passer le reste de ses jours. Il a déposé une demande de parcelle à l’association des « Jardins ouvriers et familiaux de Provence ». Histoire de se mettre au vert. Avec le temps, il a tout appris. Il a lu, il s’est documenté. Il s’est informé sur les forums… Maintenant, il cultive ses légumes dans son potager. Il est même devenu le « Blond » des copains ! Son épouse Anne-Marie est active au jardin depuis qu’elle a pris sa retraite, il y a quatre ans. Elle n’y consacre pas ses journées mais vient de temps à autre prêter la main verte. Elle s’abandonne généreusement à quelques moments de paix sous la tonnelle, à regarder la mer, à préparer les grillades les soirs d’été. « De toute façon, ici, c’est comme à la maison, il y a toujours du ménage à faire ». Une petite cabane, une cuisine d’été, et une tonnelle apprivoisée par les fleurs sauvages qui lui donnent des allures de pergola… En quelque sorte, c’est un petit chez soi, à l’ombre de l’abricotier et des deux cerisiers en fleurs. Loin de la ville, et pourtant en pleine cité.

Parcelle d’à côté : Jean Carpine est nouveau jardiner. En ce moment, il s’installe. Il se construit une petite cabane en pin, pour l’été. Patrick, son collègue comme on dit à Marseille, est venu lui donner un coup de main pour monter au plus vite, sous cette pluie incessante, leur maison du bonheur. Ils clouent les planches une à une. Jean s’y voit déjà. Il imagine Quentin, Eva et Elodie passer le râteau dans le potager. « Quand mes petits-enfants viennent au jardin, ils se régalent ! », jubile ce jeune grand-père, les yeux qui brillent. Il vient trois fois par semaine pour l’arrosage. « Ici c’est sympa, il y a les copains et ça risque d’être encore plus sympa cet été avec les petits enfants… ».

Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -

Crédits Photos : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -

#Jardins ouvriers, un éden dans le #béton

Le bonheur des choses simples

Il aura fallu trois années à Jean et sa famille avant d’obtenir une parcelle pour pouvoir goûter enfin au bonheur de ces petites choses simples. « Ma femme et moi avions envie de faire du jardinage. Cet hiver, on a défriché la terre. Là, j’ai planté des choux, des salades et des brocolis. On aura le plaisir de les manger dans un mois ». Jean piétine d’impatience. « Ne pas avoir de jardin, cela a toujours été le désespoir de ma femme. On vit en immeuble. Alors là, maintenant, c’est un grand plaisir ! Ca va nous faire du bien de revenir à la terre », se réjouit ce jardinier en herbe pour qui cultiver est une première !

Son ami Patrick Delfosse a, lui aussi, déposé une demande de jardin ouvrier, en bas de son immeuble, « c’est plus proche qu’ici ». Il espère qu’on lui en attribuera un bientôt pour pouvoir vivre, un jour, ces moments à partager. Mais il sait que le temps d’attente se compte en années. En attendant, il compte bien sur son ami Jean pour lui faire goûter ses carottes mais aussi pour profiter, de temps en temps, de sa cabane avec vue sur mer…

Ils sont nombreux les habitants des quartiers nord comme Christian, Anne-Marie, Jean et Patrick à vivre dans des immeubles de cités et se rêver un coin de bonheur. Ailleurs. Ils ont travaillé toute une vie mais ne disposeront jamais de moyens financiers suffisants qui leur permettraient d’acheter un pied à terre – encore moins en bord de mer. Ni même de louer une maison en bord de… terre, d’ailleurs.

Au Castellas, ils sont 400 inscrits, à ce jour, sur la liste d’attente. Dans l’attente de pouvoir enfin jouir de ces plaisirs de la vie : cultiver, partager et manger les produits de la terre. Il ne se libère que cinq à six parcelles par an environ, selon l’association. C’est dire combien, on se bouscule au portillon. Pour cela, l’association « Jardins ouvriers et familiaux de Provence » a mis en place un règlement strict. « Le concept est très simple, à partir du moment où l’adhérent cultive son jardin, il peut le garder mais il n’est pas transmissible à autrui. Le but est d’entretenir un potager pour sa consommation personnelle et il est strictement interdit de vendre sa production sous peine d’exclusion », explique en détails, son président Gilbert Gelly qui gère les choses de très près.

Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -
Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -

Crédits Photos : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -

#Jardins ouvriers, un éden dans le #béton

Un phénomène social

Les places convoitées. Elles permettent aux riverains de se retrouver dans un contexte différent de celui de la cité. Elles permettent de partager des valeurs de gestion collective en participant ensemble à l’entretien du parc et à l’équilibre naturel de leur écosystème. Elles permettent surtout de se faire des copains, de s’entraider entre voisins, de tisser des liens. De se créer des racines dans un environnement où le béton est rampant.

A Marseille, les jardins comme celui-là sont nombreux. Ils sont ouvriers, familiaux, collaboratifs, ou partagés. Mais dans tous les cas, ils sont collectifs. Dans les quartiers nord, il y a ceux de Saint-André et ceux de la Gavotte. Les jardins partagés des Aures et les jardins de l’Ecureuil. Dans le quartier de la Pomme, il y a les extraordinaires jardins ouvriers Coder (l’un des plus grands industriels de la région marseillaise dans les années 1970) qui longent la voie ferrée, coincés entre l’autoroute et l’Huveaune. Tous sont cachés et emmurés dans des espaces interstitiels. Ils se dressent des remparts come pour se protéger. De qui ? Des voleurs, des promoteurs ? A l’Estaque, les jardins ouvriers d’autrefois ont disparu. Privatisés, ils ont laissé place à des complexes immobiliers. Au Cabot, les jardins familiaux de Joseph Aiguier sont actuellement menacés de disparition car le tracé du futur faubourg urbain sud les raye de la carte de la future métropole.

Pourtant, en un siècle, ces jardins se sont affirmés comme les témoins privilégiés des différentes phases de l'urbanisation contemporaine de Marseille. Et l’engouement des familles citadines d’aujourd’hui témoigne bien d’un regain pour l’agriculture familiale, du besoin d’un retour aux techniques maraîchères traditionnelles, de la nécessité d’une consommation de produits sains et « bio » qui s’implantent dans les milieux urbains comme une réponse locale à la malbouffe, à l’agriculture industrielle et à la crise du pouvoir d’achat.

Un retour à la terre qui se traduit comme il le peut, par la culture de potagers, la végétalisation des toits-terrasses, l’appropriation de ces espaces verts où tout pousse, en vert et contre tout. Où tout pousse, où tout grandit. Les légumes, les fruits, les enfants, les amitiés, les fleurs sauvages. En somme, la vie.

Linda Be Diaf

Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -
Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -Crédits Photos  : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -

Crédits Photos : Stéphane Clad - Tous droits réservés - Utilisation et reproduction interdites -

Tag(s) : #LM Tendances, #la Marseillaise, #Jardin, #Marseille Actu, #Social, #Famille, #Bio, #Ecolo, #Consommation
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :